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Partenaire des Etudes francophones

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INSTITUT DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES (IRSH)

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Jeudi 14 juin 2018

Matin
8h 30 : Introduction au Colloque/Linda Gaëlle Badjina, Maîtresse de cérémonie

8h40 : Démonstration du site www.editionsoudjat.org/8h50 : Allocutions

  • -  Mot de bienvenue des OeL : Médard Obiang, en remplacement de Joseph Tonda, Président du colloque, empêché
  • -  Mot du Directeur de l’IRSH
  • -  Mot d’ouverture du Directeur du CNFL

    9h05 : Pause-café

    9h20 : Conférence inaugurale1

    Jacques Fontanille (France) : Pour une anthroposémiotique perspectiviste : l’ethnosémiotique du proche,

    du familier et du quotidienModérateur : Nicolas Mba Zué

    Panel I

    Epistémologies et empirismes critiques Modérateur : Nicolas Mba Zué (UOB)

    Rapporteur : Bertrand Dimitri Ndombi (UOB)

    1 Durée des communications : Conférence inaugurale et Plénières : 25 minutes ; Panels : 15 minutes.

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9h45 :

  1. Anicet Noah Mbédé (Cameroun) : Scène prédicative. Concessions et maisons coloniales, revisitées commeénonciation de l’humanité
  2. Rodrigue Tezi (Gabon) : L’anthropologie gabonaise de lasanté en construction. Dialogue avec les travaux occidentaux
  3. Fabert Mensah Ngoma (Gabon) : Le terrain africain: lieu d’expression d’une anthropologie décomplexée
  4. Dagou Kanga Marie Albertine Koffi (Côte d’Ivoire) :Gestion du temps en Afrique. Etude sémiotique de la temporalité africaine
  5. Lydie Ibo (Côte d’Ivoire) : Le statut du contournement et du renversement. Pour une révolution de l’homme en Côte d’Ivoire
  6. Armel Essono Ovono (Gabon) : Controverses paradigmatiques. Un état des lieux

    11h25 : Suite et fin du Panel I

  7. Antoine Kouadio N’guessan (Côte d’Ivoire) : La poésie de Victor Hugo à travers les théories et les méthodes des sciences du langage. Pour une mission universelle
  8. Ernest Akpangni : Savoirs, concepts, méthodes et doctrines scientifiques. La pertinence du fonctionnement de la poétique au XXIe siècle en Afrique
  9. Christ-Olivier Mpaga (Gabon) : Les paradoxes de la postmodernité africaine

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10. Georice Berthin Madébé (Gabon) : Cognitivismes critiques et réception du roman africain. Plaidoyer pour une postcritique africaine

Fin du Panel I

13h00 : Pause

Après-midi
15h00 : Plénière
Camille Roger Abolou (Côte d’Ivoire)

Panel II

Circulations et reconstructions des savoirsModérateur : Elvis Steeve Ella (ENS)Rapporteur : André Adjo (IRSH)

15h15 :

  1. Koffi Loukou Fulbert (Côte d’Ivoire) : Aventure du mot et caractérisation : spécificités et complémentarité
  2. Louis Ngetcham (Cameroun) : De l’écriture des mentalitésen postcolonie : une approche archéologique des arts et destextes littéraires sur l’Afrique
  3. Romuald Dissy (Gabon) : La postmodernité oul’insécurité d’un concept dans Au bout du silence de Laurent Owondo
  4. Carine Mengue Mba (Gabon) : Ecrire la complexité dans le roman postcolonial. Critique des sociétés africaines dans Ces Âmes chagrines de Léonora Miano

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16h35 : Pause-café

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5. 6.

7. 8.

9.

17h05 : Reprise du Panel II
Arsène Magnima Kakassa (Gabon) : Essai d’une« anthropologie littéraire » dans L’Afrique fantôme de Michel Leiris
Dacharly Mapangou (Gabon) : Henri Lopes dans la théorisation du renouveau romanesque africain francophone subsaharien : du Nouveau Roman à la postmodernité littéraire
Steeve Elvis Ella (Gabon) : Dynamiques anthropologiquesdans le Mvett. Du même à l’autre
Maturin Ovono Ebè (Gabon) : Anthropologie du Mvët : une leçon de Tremendisme au roman espagnol de l’après- guerre civile

Fanny Losséni (Côte d’Ivoire) : Rapport entre anthropologie culturelle et art théâtral : cas des rites d’enterrement dozo des sénoufo du kafigue de Côte d’Ivoire

18h00 : Fin de la première journée

Vendredi 15 juin 2018

Matin
8h 30 : Plénière
Joseph Tonda (Gabon)

Modérateur : Ngetcham (Université de Dschang)

Panel III

Altérités africaines

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Modérateur : Ngetcham (Université de Dschang)Rapporteur : Wilfried Biveghe Bi Ndong (IRSH)

9h15 :

  1. André Adjo (Gabon) : Les post et les anthropogènes en Afrique. Du dialogue Sud/Nord
  2. Serge Mboyi Bongo (Gabon) : Renommer la post colonie. De la quête d’une identité fantasmée à la volonté d’affirmation politique (1960 à nos jours)
  3. Yannick Mounienguet M’Berah (Gabon) : Le quotient anthropologique ou les objections épistémologiques du discours littéraire dans le conflit des interprétations : lecture de Temps de chien de Patrice Nganang
  4. Raoul Muma Tanzey (France) : L’aide au développement et la complexité des jeux d’acteurs dans le cadre des recompositionsterritoriales en Afrique subsaharienne : les cas du Cameroun et du Togo

10h15 : Pause-café
10h35 : Reprise du Panel III

  1. Kakou Bi Trah (Côte d’Ivoire) : Postcolonialisme-Postmodernisme, éléments d’une culture et d’une identitéscientifique africaine
  2. Dingny Yannick Assoh : Littérature et anthropologie. Le nouchi comme identité culturelle ivoirienne et postmodernité langagière
  3. Charles Philippe Assembe Ela (Gabon) : Tradition critique et discours anthropologique : le motif africain dansl’art occidental

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8. Médard Obiang Ebanéga (Gabon) : Tradition et modernité dans l’occupation du sol à Libreville. Etude du cas de la Vallée Sainte Marie

Fin du Panel III

12h00 : Pause

Après-midi
14h00 : Plénière
Charles Romain Mbélé (Cameroun)

Modérateur : Antoine Kouadio N’guessan (UAO)Panel IV

Sens et significations : représentations et questionnements Modérateur : Antoine Kouadio N’guessan (UAO)

Rapporteur : Yannick Mounieguet M’Bérah (UOB)14h45 :

1. Antonin Mba (Gabon) : Le posthumain : un tabou africain ?

2. Thierry Ekogha (Gabon) : L’humain. Une nouveauté à penser, une œuvre à créer en Afrique noire

3. Yannick Martial Ndong Ndong (Gabon) : « Penser le postcolonial » avec Valentin Yves Mudimbe : une critique des sciences humaines ?

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4. Maixant Mébiame Zomo (Gabon) : Dialogue entre les religions de la coutume et les religions du Livre au Gabon

16h05 : Pause-café

5. Mexcin Ebané (Gabon) : Colonialité du savoir. Réappropriation et valorisation des réalités historico- culturelles africaines

6. Bernardin Minko Mvé (Gabon) : Réflexions anthropologiques sur la postmodernité religieuse au Gabon

7. Bertrand Dimitri Ndombi Boundzanga (Gabon) :Sociologie du salariat au Gabon. Questions pour une anthropologie de l’objet

17h10 : Fin de la deuxième journée
Cérémonie de clôture du colloque « Les post- et les

anthropologies en Afrique »

Clôture du colloque

17h15 : Lecture de la motion de soutien par les conférenciers
17h25 : Lecture du rapport général : Noelline Sallah (OeL)17h40 : clôture colloque : Judith Doutsona (OeL)

Fin du colloque « Les post- et les anthropologies en Afrique »

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Résumés

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Conférence inaugurale et plénières

Conférence inaugurale

Pour une anthroposémiotique perspectiviste. L’ethnosémiotiquedu proche, du familier et du quotidien

Jacques Fontanille

Centre de Recherches Sémiotiques (CeReS) Université de Limoges
France

L’anthropologie contemporaine, prise dans un grand mouvement de réexamen des conséquences théoriques et épistémologiques des colonialismes, ainsi que dans une remise en question et une relativisation des présupposés du naturalisme moderne, aradicalement transformé le rapport à l’autre. D’un côté, l’autren’est plus seulement un autre humain, mais tout autre avec lequel chaque être vivant interagit dans son milieu et dans le cadre plusvaste de la sémiosphère. D’un autre côté, l’autre, ainsi que lemilieu où il évolue, n’est pas une entité ou un domaine générique, voire universel, en tout cas indéterminé : il y a autant de milieux,et d’autres qui les peuplent, qu’il y a d’espèces vivantes, et même d’individus, et c’est pourquoi il vaut mieux les dénommer« Umwelt » (Umwelten) que « milieu ». Pour ce qui concerne plusprécisément les humains, il y a autant de profils de l’autre qu’il y a d’ontologies collectives, c’est-à-dire de collectifs homme-nature, et le naturalisme n’est qu’un type de collectif homme-nature parmid’autres.

Ce sont principalement les avancées de l’éthologie sémiotique, depuis Jacob Von Uexküll, et de l’anthropologie de la nature, sous

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l’impulsion de Philippe Descola, qui conduisent à cestransformations épistémologiques.
Mais il en est une autre, plus radicale encore : c’est celle opéréepar Viveiros de Castro, qui fonde la perspective d’uneanthropologie dite « symétrique ». La réflexion épistémologiquede Viveiros de Castro s’enracine dans le mouvement brésilien dit« anthropophage », né au début du XXème siècle en réaction contre la soumission des élites brésiliennes aux canons esthétiques, aux normes culturelles et aux points de vue scientifiques forgés en Europe. Viveiros de Castro assume cethéritage notamment en intitulant l’un de ses ouvragesMétaphysiques cannibales.

Viveiros de Castro part du principe que dans le travail anthropologique, le natif est celui qui connaît le mieuxl’organisation de sa propre culture, et que la prise de recul qui luiest nécessaire pour pouvoir énoncer ses analyses et ses synthèses ne justifie en aucune manière que l’on théorise l’étrangeté de l’autrecomme nécessité et prérequis du travail anthropologique.L’argument théorique le plus fort réside justement dans la conception de l’altérité : je ne peux pas connaître l’autre qui constitue le milieu d’interaction de « mon » autre, le natif, parceque l’autre de « mon » autre n’est pas nécessairement moi, mais tout autre. L’anthropologie qui en découle n’est pas exactement« symétrique », bien qu’elle se dénomme ainsi, elle est surtoutperspectiviste : les autres et l’Umwelt sont déterminés à partir d’unpoint de vue, un centre de réflexivité (ou un « proto-sujet »d’énonciation).

Il en résulte que, pour l’anthroposémiotique, et pour la pratique ethnosémiotique qui en découle, l’autre est dans le champ de

présence même de l’analyste, à proximité, et non aux antipodes, ilest même parfois en nous ou en miroir, ici et maintenant, à tout le moins un proche et un familier, dans une perspective qui, justement, est susceptible de « décoloniser » le regard sémiotique, et de permettre à chacun, de son point de vue, de retrouver les schèmes anthroposémiotiques de son propre milieu de vie.L’ethnosémiotique du proche, du familier et du quotidienimplique certes une méthodologie de défamiliarisation, mais cette défamiliarisation est, littéralement, une simple altération, et non une aliénation.

Plénières

Des marchés du droit, de la science et de l’expression culturelleen Afrique noire : vers un dialogue de sourd

Abolou Camille Roger

Université Alassane Ouattara de BouakéCôte d’Ivoire

En Afrique noire, les expressions scientifiques, juridiques etculturelles offrent un champ privilégié d’analyse de l’altéritéculturelle, des identités construites, des mouvements créateurs de lien social et des constellations symboliques. Elles recommandent des marchés aux structurations particulières qui défient sans cesseles procès de globalisation initié par l’Occident. En effet, l’offre de« l’expressivité » met traditionnellement en place des situations complexes comprenant des langues africaines (vernaculaires et véhiculaires) et des langues importées (français, anglais, etc.),

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supports respectifs des cultures locales et globale. La demande du « contenu », en tant qu‘impératif cognitif, esthétique et éthique, s’exprime essentiellement par les signaux juridiques,scientifiques, culturels, plus ou moins moulés dans les processusde marchandisation, de glocalisation, d’ancestralisation, sapant et manifestant autrement l’humain et les imaginaires y afférents.

L’Utopie du « Post »

Joseph Tonda,

Université Omar Bongo Gabon

De nos jours comme hier, en situation coloniale, toute projectiondans le futur se réduit à l’espace et au temps présent de la lutte qui est le temps de l’enroulement par la vague du capitalismenéolibéral. Les sciences sociales africaines et africanistes, gênées par le trou noir que creuse le mouvement de cette vague,s’épuisent en justificatifs de la banalité de ce qu’elles observentpuisque, enseignent-elles, ce que l’on constate aujourd’hui enAfrique a également existé en Occident, ou dans les mondesasiatiques et travaillent à promouvoir l’optimisme d’une Afrique porteuse d’« une énergie formidable ». Elles alors dénoncent leracisme de l’« afropessimisme » et étalent à l’envie, quand elles le peuvent, les statistiques qui attestent que l’ « Afrique va bien ». Le racisme inconscient qui commande de telles idées et lacondescendance qu’elles expriment sont manifestes. Et pourtant,elles doivent bien se résoudre à affronter en toute consciencel’enroulement de la vie psychique des sociétés africaines dans la

vague du néolibéralisme qui s’agrandit de la même « énergie formidable » des Africains, de leur inconstatable créativité enmatière de littérature, de danse, de musique, de corps à l’intérieurdu trou noir, et inscrire la pensée dans une stratégie radicale de démythification des sociétés africaines.

Fondements philosophiques d’une mutation théorique et méthodologique dans les sciences sociales en Afrique

Charles Romain Mbélé,
Professeur à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université de Yaoundé 1 Cameroun

Les sciences sociales de l’Afrique contemporaine connaissent un ébranlement lie à un tournant qui remet en cause les fondements et les fins, les notions de vérité, de faits, de sources ou d’archives au profit de la fiction. Lié à la transition moderne et a son assomption par l’historiographie indienne reprise par la pensée postcoloniale en Afrique, ce mouvement a abouti à une grande place donnée à l’herméneutique qui porte un « linguistic turn », la critique de l’universalisme à partir d’une propension au nominalisme, le retour à la sophistique et a l’idéalisme subjectif en, vue d’un constructivisme généralisé, la légitimation de savoirs hétérodoxes soi-disant alternatifs, etc. L’exposé va présenter cette orientation épistémologique pour se donner les moyens d’en critiquer les impasses.

Communications

Panel I

Epistémologies et études critiques
Scène prédicative. Concessions et maisons coloniales, revisitées

comme énonciation de l’humanité

Daniel Anicet Noah Mbédé,

ESSTIC, Université Yaoundé 1 Cameroun

Le présent exposé envisage l’espace urbain colonial, non pasdirectement par une démarche spéculative, mais du point de vued’une de ses multiples pratiques : la rencontre entre humains.

La vieille ville inscrit un premier plan d’immanence : la scène prédicative. La scène prédicative fonctionne sur un mode déictique, sériel et sur un mode isotope.

L’architecture urbaine est aspirationnelle dans la mesure où elleinvite toujours à contribuer à la rencontre entre humains.

L’aventure est la même dans ces camps de fonctionnaires, garesde train, sites du commerce de traite, cimetières, etc ; autantd’espaces ‘’montés’’ en supports matériels, supports formels.

Que faire des catastrophes que les récits de l’esclavage, del’impérialisme, de la doctrine coloniale ? le sujet le plus juste estcelui qui s’inscrit dans l’engagement de déconstruction dumoment ; ‘’en deçà’’, dans l’imaginaire d’une ligne de base dessavoirs interactifs génératrice de récits à hauteur humaine. « Riend’autre que l’occurrence même de l’accident ne lie entre eux les

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deux protagonistes d’une catastrophe. Si seulement l’évènement ne s’était pas produit, ils n’auraient jamais fait connaissance » (E. Landowski, 2006, 87).

Ce qui a pu paraître inhumain ou illisible peut être transformé enénoncé de l’humanité, ou en une modalité d’énonciation lisible, aumoment de « l’ordre de pensée » (cf. C.S. Pierce). « La folie n’a pastoujours existé » affirme de son côté Michel. Nous serions dans cette logique, bien fondée de considérer que le post- Foucault). Le post-colonialisme est un post structuralisme.

Afin de consigner la dimension affective et la puissance symbolique, qui se trouve dans tout acte de langage, nous devronsdéployer l’hypothèse inférence.

Sur deux axes : l’actualité de l’analyse critique du langage à l’èredes cyber-stratégies (A) et les conditions d’application des techniques expérimentales à l’ère des récits hybrides (B).

A. L’analyse critique du langage. Nous empruntons la notionde subjectivité et de distinction à Benveniste et P. Bourdieu. Les détails architecturaux, en deixis, indiquent la subjectivité de lalocalité. L’absurde commence avec la passion de la temporalité provisoire inspirée par la doctrine coloniale des ‘’colonies d’exploitation, versus colonies de peuplement’’. L’on aboutiraavec des récurrences, des itérations, à stabiliser des schèmes spatiaux.

B. Techniques expérientielles. Pour avancer en profondeur dans les logiques de création on peut constater que certains aspects dialogiques dramaturgiques relatifs à la gestualitéhumaine générés par l’architecture – notamment les savoirs interactionnels (cf. Ecole de Paolo Alto, G. Barrier 1997), les interactions risquées, les ajustements (E. Landowski 2006)

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conduisent à observer l’offre architecturale coloniale comme un genre.

Bien plus, les conséquences socioculturelles de la culture dudocument, et les possibilités de création de l’hyper-réalité par lesusagers dans le cyberespace, n’achèvent de décrire l’humain enson rôle de participant ayant un pouvoir d’interprétation. Lesserveurs, les logiciels informatiques ont largement rendu àl’homme son temps, dans l’ordre de pensée (cf. C.S. Peirce) et aussi, son pouvoir, sa légitimité. (La fonction co-gestuelle, ces conditions de réception) ouvrent la possibilité de création des signes nouveaux, la résurrection des signes anciens comptés pour « langue morte », à travers un traitement d’images en 40, etc.

Un corpus de trois ports sera suffisant pour conduire à l’affichagedes dispositifs, des schémas, des logiques de création du récit del’humanité : La gare de Yaoundé, la gare d’Otélé (un port sec),Olama (un port fluvial).

Pour conclure sur la média-morphose de l’humanité, réalisable à partir de l’architecture coloniale, il sera nécessaire de rester sur l’exigence de l’absurde, du monde narré.

L’anthropologie gabonaise de la santé en construction. Dialogue avec les travaux occidentaux

Rodrigue Tezi,

Université Omar Bongo Gabon

Développée aux Etats-Unis dans les années 1950, l’anthropologie de la santé est enseignée à l’Université Omar Bongo du Gabon etles étudiants soutiennent des mémoires de master dans le

domaine. C’est un champ de recherche en plein développement.Sa mise en place s’inspire des orientations théoriques de l’école française d’anthropologie de la maladie dirigée par les auteurscomme Marc-Augé, François Laplantine et Sylvie Fainzang etcelles de l’école anglo-saxonne d’anthropologie médicale consacrée aux traitements traditionnels des maladies.

Notre communication retracera le processus de construction del’anthropologie de la santé au Gabon en dialoguant avec lestravaux occidentaux. Quatre points structureront son développement : 1) Le développement de l’anthropologie de lasanté aux Etats-Unis et en France. 2) L’anthropologie de la santé comme synthèse entre l’anthropologie médicale et l’anthropologie de la maladie. 3) Démarche méthodologique de l’anthropologie dela santé. 4) La construction de l’anthropologie de la santé auGabon et ses perspectives de recherche.

Le terrain africain. Lieu d’expression d’une anthropologie décomplexée

Fabert Mensah Ngoma,

Université Omar Bongo Gabon

Parce qu’elles portent profondément en elle, et ce dès les originessur le terrain africain, les germes de leur improbable curabilité ontologique et épistémologique2, les sciences sociales africaines etplus singulièrement l’Anthropologie africaine souffrent de ce qu’Achille Mbembe rend par l’expression interminable incantation.

2 L’anthropologie, comme nous le rappelle Tonda citant Nishitani, a été constituée entant que sciences à l’origine, comme portant son regard essentiellement sur des êtres humains en tant qu’autres de l’Européen moderne » (J. Tonda 2015 :201).

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Celle-ci se décline de la manière suivante : la doxa africaine est inlassablement hantée par trois spectres : l’esclavage, la colonisation et l’apartheid. Parce qu’il faut nécessairement des images capables de rendre compte de ces spectres, Mbembe propose l’idée demasques qui eux seraient : la race, la géographie et la tradition.Quoiqu’assigné de significations canoniques par ce qu’il nommeun « certaine intelligence », Mbembe considère que ces éléments constitutifs de la doxa africaine constituent une sorte de prisondans laquelle, aujourd’hui encore, celle-ci se débat.

Cette communication suggère que soit soulevé un débat qui posecomme hypothèse centrale, la possibilité d’une Anthropologie« africaine » qui s’affranchisse de l’impérialisme de l’universel contre lequel s’oppose Pierre Bourdieu en reprochant vertement d’ailleurs les « intellectuels français » d’avoir notamment « une arrogance insupportable pour la plupart des nation étrangères ».En même temps, elle doit rompe avec l’impérialisme postcolonial (J. Tonda, 2015). Deux impérialismes qui s’accommodentparfaitement et contre toute attente à la doctrine panafricaniste dont la visée serait de développer une certaine unité et solidarité africaines [contre qui définitivement ?] sensée incarné cette Anthropologie.

Certes, dans cette perspective essentiellement épistémologique, ils’agit de postuler la possibilité de « l’impossible rupture des sciences sociales africaines d’avec les dispositifs de violences »

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propres aux impérialismes (Tonda, 2015, 199 ; Bourdieu, 2012) eten l’occurrence ici le terrain africain comme espace d’expression d’une anthropologie africaine décomplexée. Envisager pareilleperspective qui, on le sait, se heurte inéluctablement à de véritables murailles à la fois théoriques et méthodologiques envaut la peine car si l’arsenal épistémologique en présence paraîtredoutable, le terrain, comme nous le montre Tonda (2002, 2005,2015), est l’un des sauf-conduits capable d’offrir aux sciences sociales africaine un espace d’expression autonome et libre de toutellipse théorique. On aurait donc affaire à une Anthropologie de la transgression.

Gestion du temps en Afrique. Etude sémiotique de la temporalité africaine

Dagou Kanga Marie Albertine Koffi,

Université Alassane OuattaraCôte d’Ivoire

Creuset dynamique dans lequel se déroule toute activité humaine,le temps est d’une importance capitale pour le monde naturel quilui doit son sens. Permettant de donner un programme de planification à toute action, il est perçu comme une source de motivation, l’actant destinateur grâce auquel des “faire” sontréalisés dans un canevas précis. Puisque faisant être les choses,l’on pourrait lui attribuer le rôle de manipulateur. Il n’en demeurepas moins que si par moment le temps fait être les activités, à d’autres occasions les activités font être le temps. En ce sens, il revêt une valeur particulière, une saisie significative d’un peupleà un autre. Ainsi, en nous inscrivant dans une perspective post anthropologique, nous envisageons le temps en Afrique comme

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une singularité du continent africain. Certes, ce continent a biensouvent adopté une temporalité qui n’est pas le sienne, mais dansune réalité profondément africaine, le processus du temps estperçu dans une logique diffuse. Au regard d’un tel tableau, ilconvient de s’interroger sur le véritable sens du temps en Afriqueen quêtant la modalité, particulièrement la modalité sémiotique,sur laquelle s’opèrent la conception et la gestion temporelles dans ledit continent ; mieux, en donnant d’appréhender le rapport au temps en Afrique.

Dès lors, les deux axes, notamment la conception évanescente du temps en Afrique et la gestion du temps en Afrique sur lesquelsest fondée la réflexion, donneront de comprendre le mode d’usagedu temps par les Africains.

Par conséquent, la temporalité africaine est à cerner non pas comme une rigueur absolue dans laquelle doivent tenir des performances, ni comme une modulation temporelle donnant lieu à une conjonction entre le temps mathématique et le temps subjectif, mais un cognitif temporel perçu comme un temps évanescent, insaisissable, un temps à véritable caractère africain.

Le statut du contournement et du renversement. Pour unerévolution de l’homme en Côte d’Ivoire

Lydie Ibo,

Université Alassane OuattaraCôte d’Ivoire

Les termes « contournement » et « renversement » manifestent lemouvement, par le détour ou par l’inversion. Ils ont en eux-mêmes non seulement une dynamique de l’irrégularité mais un

facteur de créativité. Dès lors, choisir de mener une réflexion sur « Le statut du contournement et du renversement : pour unerévolution de l’homme de Côte D’Ivoire» équivaut à examiner l’homme noir, dans l’ère culturelle ivoirienne, pour nousinterroger et découvrir de quelles manières le contournement et le renversement, en tant que pratiques culturelles et formes de vie, construisent les germes de la révolution de la personnalité négroïde naguère étouffée dans sa croyance, bafouée dans sacivilisation de la mémoire et de l’oralité, en conflit dans sonrapport aux nouvelles valeurs matérielles occidentales conséquentes au pouvoir de la position en société. Le regard inquisiteur que nous portons passe par les dimensions de la sémiotique. Dans cette mesure, la sémiotique, avec ces récents développements sur le sensible et les pratiques culturelles, donne la latitude de confronter les contradictions et de les éprouver dans une logique proche du sens dans la différence, suggérant la modélisation. La sémiotique narrative se prête à cet axe de pensée,en ce sens qu’elle comporte en son sein, de la dualité et des nuances adaptées aux signes « contournement » et « renversement ». La sémiotique des cultures et des pratiques, fournit parl’observation, une expression de l’éthos unique, inhabituel, reflet du dépassement. L’objectif visé étant d’exposer une perspectivede la révolution ou la refonte, dans le vécu quotidien en Côted’Ivoire, il est licite de marquer les caractéristiques sémiotiquesdes signes « contournement » et « renversement », pour proposer par-delà leurs statuts sémantique, linguistique, sociologique,philosophique, une existence sémiotique par l’irrégularité et la négociation, afin de trouver les conditions de l’avancement et de la marche vers une anthropologie nouvelle de l’homme en Côte d’Ivoire, réconcilié et en accord avec sa nature ainsi que saculture bien différentes de l’Occident.

Controverses paradigmatiques. Un état des lieux

Armel Ovono Essono,

Université Omar Bongo Gabon

Les paradigmes occidentaux se proposent « d’observer lecontinent africain du point de vue de Sirius » (Gondola, 2007). Mais le positionnement réflexif des chercheurs africains, dans ledébat épistémologique qu’ils engagent avec leurs homologues occidentaux, témoignent d’une « montée irrésistible » de mieux lire et comprendre la réalité africaine qui est la leur, dans un contexte postcolonial et de mondialisation néolibérale. Cet article se propose de faire un état des lieux de ces controverses paradigmatiques.

La poésie de Victor Hugo à travers les théories et les méthodes des sciences du langage. Pour une mission universelle

Antoine Kouadio N’guessan,

Université Alassane OuattaraCôte d’Ivoire

Les réflexions sur l’histoire humaine se mêlent aux méditationsmorales des peuples et des témoins attentifs aux malheurs etdéceptions des hommes. L’humanité est souvent en lutte contre tout ce qui l’opprime et qui s’oppose à son ascension vers lebonheur, la lumière grâce au progrès matériel et spirituel. Issu decette société, et homme de lettres, Victor Hugo adjuge à son œuvrepoétique une vocation civilisatrice et universelle pour le bonheuret la liberté. Cette œuvre dénonce les misères et les injustices

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sociales, les inconvénients des guerres et critique les régimes dictatoriaux et tyranniques qui se sont imposés par les coups deforce. Son chant devient ainsi l’harmonie immense qui dit tout etqui affirme son courage à travers la sociocritique, qui est de ce faitindéniable, tant elle s’inscrit dans une perspective satirique au sens d’exhumer les configurations socialisantes. Ainsi le poètedevient un écho sonore qui, auprès des trônes des rois, répète et amplifie les conseils de sagesse et les plaintes des malheureux. Ilappartient de ce fait au poète d’élever l’homme, à travers les faitssocio-politiques, à la dignité universelle. En effet, la poésie deVictor Hugo, au soir de sa vie, dépasse l’aventure individuelle pour atteindre l’Homme et sa destinée. C’est dans cette perspective que s’inscrit le recueil de poèmes Contemplations quirelate l’histoire de l’humanité à travers ce qui suit : « Ah ! insensé qui croit que je ne suis pas toi ».

Ernest Akpangni,

Université Alassane OuattaraCôte d’Ivoire

Cette communication porte sur le sujet suivant : la pertinence du fonctionnement de la poétique au XXIe siècle en Afrique. En effet,les théories et méthodes en provenance de l’Occident développent un régime de lecture souvent réfractaire aux œuvres issues de l’espace africain. La réception littérarisante des textes africainsreste-t-elle encore possible par la poétique qui cherche à se frayer un chemin au regard de la résistance des prismes culturels, sociologiques et historiques ? Les parties de ce travail sont à considérer au sens de résultats provisoires attendus. Premièrement, la prospection de la poétique par sa visée, ses perspectives et ses démarches sont incontournables pour une

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connaissance épistémologique de cette science littéraire.Deuxièmement, la théorie poétique va s’apprécier comme méthode d’approche textuelle en étant contrainte au décryptagedes textes africains par l’ouverture aux modalisationssymboliques auréolées de volets sociologique, culturel ethistorique. Troisièmement, s’interroger véritablement, de droit,pour savoir de quelle façon la poétique pourrait-elle contribuer au rayonnement démocratique de l’Afrique dans un contextepolitique de morosité déconcertante.

Les paradoxes de la postmodernité africaine

Christ-Olivier Mpaga,

Université Omar Bongo Gabon

Les travaux de « postmodernité africaine » posent un problème quant au parallélisme qu’ils revendiquent avec les travaux dumême genre génétiquement effectués en Europe occidentale et Amérique du Nord : est-il pertinent d’importer de ces deux régions du monde pour l’Afrique des théories dupostmodernisme ? La « postmodernité africaine » n’est-elle pasl’esquisse d’une comparaison hasardeuse et forcée entre l’Afriqueet ces deux régions du monde aux trajectoires historiques certes croisées mais différentes ? Le caractère présent de l’Afrique est-il postmoderne ? Et si tel est le cas, l’est-il parce qu’il a épousé etvécu la modernité des Lumières, au point de la juger dépassée ?Ou, l’est-il parce qu’il critique et rejette cette modernité desLumières qu’il juge impérialiste, et à laquelle il entend mettre fin,en appelant notamment aux épistémès locales, donc en appelant à

un droit à la différence comme manière de redéfinir le rapport dominant-dominé ?
Ce que nous voulons démontrer sous le titre « Les paradoxes de la postmodernité africaine », c’est la façon dont la question de l’altérité et de l’identité a déterminé l’importation des théories postmodernes en Afrique, d’une part. Et, d’autre part, la façon dont cette même question participe concomitamment à paralyser et à promouvoir la réflexion philosophique africaine sur le postmodernisme même, sur ses controverses et évolutions.

Cognitivisme critique littéraire et réception du roman africains.

Plaidoyer pour une postcritique africaine

Georice Berthin Madébé,IRSH/Université de Limoges Gabon/France

En sciences humaines, il y a un avant et un après le structuralisme, ceux-ci définissant deux approches de la vérité. En critique littéraire française, cette coexistence a été incarnée par deux figures : Raymond Picard et Roland Barthes. En littérature, les développements ultérieurs du structuralisme ont eu au moinsl’avantage de mettre en relief des concepts décisifs pour lecognitivisme critique en littérature, voire pour les théories de la littérature. « Ecrivain et écrivant » (Barthes), « Discours et récit » (Genette), « énonciation et narration » (Greimas), etc. Ces dualitésont eu un profond un impact dans l’étude des textes littéraires etleurs renouvellements actuels (en sémiotique par exemple).

La littérature africaine, aux racines coloniales bien établies, a historiquement évolué en marge des évolutions conceptuelles et méthodologiques du XXe siècle, du moins, après que le colloque

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de Yaoundé (1973) en avait planté le décor. L’Ecole ivoirienne, portée par l’invention d’une pensée africaine inspirée des sciences occidentale élevées en « praxis scientifiques », puis configurées « en modalités des Etudes Africaines (EA) comme la drummologie, la griotique, etc. » (C. R. Abolou, 2018), a à peine franchi le seuil de ses frontières autour des années 1980. Le fait est que, les concepteursde la critique africaine, Kesteloot, Chevrier, etc., sous l’impulsiondes travaux de Robert Delavignette et Ernest Maurice Delafosse,l’avaient délibérément ancrée dans l’histoire et la descriptionsocio-anthropologique.

Globalement, les évolutions aménagées dans la critique littéraire occidentale vont prendre possession des corpus africains à partirdes années 1990, initiant ainsi un mouvement qui aujourd’hui s’est définitivement installée dans les études littéraires africaines : appliquer les concepts et méthodes des écosystèmes épistémologiques occidentaux aux corpus fictionnels africainssans en évaluer les conséquences pratiques. Lorsqu’on examineces tendances générales, on en vient à se demander si la promesse de Yaoundé, faire des critiques et des peuples africains descréateurs de civilisation, a été tenue, ou si l’invention de l’Afrique(V.Y. Mudimbe) se perpétue sous une nouvelle transcription (M. T. Zezeze Kalondji) : la transcription épistémologique.

Cette contribution en appelle à une réflexion sur les cognitivismes scientifiques en critique africaine, leurs axiologies et les valorisations conceptuelles pour voir si les pratiques et usages méthodologiques établies et le diffusionnisme de la pensée universitaire qui les a rependus, y compris dans les universités africaines, ont rendu raison aux cultures qui inspirent la littérature africaine. Faut-il alors penser à un après-« critique africaine » et instruire un cognitivisme du post- autour des concepts et méthodes de la « littérature africaine et de sa critique africaine »,

et ainsi envisager une postcritique capable de réinventer les significations de cette littérature de manière à la mettre en phase avec les « imaginaires anthropologiques » qui l’inspirent ? Cettequestion suppose au préalable que l’on ait répondu à diversesautres : qu’est-ce que la littérature africaine ? Qu’est-ce que pourrait être une postcritique africaine et Quelle(s) en serait la/les configuration(s) épistémologique(s) ?

Panel II

Circulations et reconstructions du savoir
Aventure du mot et caractérisation. Spécificités et complémentarité

Koffi Loukou Fulbert,

Université Alassane OuattaraCôte d’Ivoire

La poétisation du mot constitue l’un des axes majeurs derecherche abordés par Zadi Zaourou. Dans ce sens, il a particulièrement développé les concepts de polarisationsymbolique du mot, du mot comme centre d’unité dialectique et d’aventure du mot. L’aventure du mot, en particulier, se définit comme le fait, pour un mot, de « renoncer » à ses caractéristiques combinatoires de base, de « renier » son environnement lexicald’origine et de « s’introduire » dans une isotopie qui lui est habituellement « hostile ». Elle a particulièrement lieu lorsque, surl’axe syntagmatique, le mot est associé à d’autres mots enviolation des normes de combinaison logiques. La caractérisation stylistique fonctionne quasiment selon le même principe. C’estun procédé qui déjoue l’information et crée des valeurs. PourGeorges Molinié, « a priori, tout ce qui, dans un énoncé donné, ne seréduit pas au matériel indispensable à l’élaboration et à la transmission

d’une information, tout ce qui n’est pas strictement obligatoire pour la complétude sémantique du message, ressortit au champ langagier des caractérisants » (Éléments de stylistique française, 2001, 37). Elle se traduit, sur la chaîne parlée, par des associations contre-nature àl’intérieur des syntagmes nominaux et verbaux. Le but de l’articleest de montrer aussi bien les points de divergence que deconvergence, tout en s’interrogeant sur leur possible combinaison dans l’analyse stylistique.

De l’écriture des mentalités en postcolonie. Une approche archéologique des arts et des textes littéraires sur l’Afrique

Ngetcham,

Université de Dschang Cameroun

Saisis par les mutations provoquées par les contacts avec l’autre à cause du fait colonial, les artistes d’Afrique de la nouvellegénération épousent des formes esthétiques de plus en plus originales, qui tantôt dessinent une rupture vis-à-vis des normes héritées du centre, tantôt posent de nouvelles problématiquescomme celles du départ, de l’adaptation sur des espaces différents du terroir d’origine ou de la difficile construction de l’identité. Toutefois, il est possible d’observer, en toile de fond de ces expressions artistiques, un socle permanent, construit autour des schèmes mentaux qui structurent en permanence les attitudes des personnages ou des communautés dont ils sont issus. Ce postulatfonde le projet d’une critique qui, se donnant pour objet unearchéologie de l’Afrique, s’exercerait sur les œuvres littéraires prises comme des sites de fouilles, de manière à proposer d’autres pistes d’analyse grâce auxquelles l’on pourrait remonter, grâceaux traces identifiables, au passé ou, éventuellement, noter des

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altérations survenues dans les mentalités collectives ou individuelles. Ma contribution portera sur Nous, enfants de la tradition de Gaston-Paul Effa et Les Arbres en parlent encore deCalixthe Beyala. Ce sera l’occasion d’observer des constantesmentales dans les sociétés en présence dans ces textes, constantesperceptibles aussi bien dans les objets, les mœurs que dans l’esthétique.

La postmodernité ou l’insécurité d’un concept dans Au bout du silence de Laurent Owondo

Yves Romuald Dissy-Dissy,

Université Omar Bongo Gabon

Le but de cet article est de questionner la postmodernité, un concept qui a fait (et continue de faire) fortune en lettres, en sciences humaines et sociales. Le phénomène postmoderne dont le crédo est « l’incrédulité à l’égard des métarécits » (Lyotard),s’impose, telle une révolution copernicienne, dans la critique littéraire francophone d’Afrique subsaharienne, avec unehardiesse qui annihile une équation importante : le contexte (Meyer) – avec ses variables historique, socio-anthropologique et philosophique – qui peut fragiliser sa pertinence et son efficacitéopératoire lorsqu’il est appliqué au corpus africain. Si lapostmodernité peut, à certains moments, trouver un écho favorable dans Au bout du silence, en faire un paradigmescientifique (Khun) susceptible d’évaluer l’ampleur et laproblématicité de « l’état de la culture » africaine me paraît assez

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prétentieux, ce d’autant plus que le concept ne fait pas l’unanimitédans la communauté scientifique.

Ecrire la complexité dans le roman postcolonial. Critique des sociétés africaines dans Ces Âmes chagrines de Léonora Miano

Carine Mengue Mba,

Université Omar Bongo Gabon

La présente communication entend mettre en évidence une double problématique à travers le récit d’un auteur africain que lacritique a classé parmi « les écrivains de la quatrième généra-tion ». L’intérêt de mener une réflexion sur Ces Âmes chagrines de Léonora Miano vise à interroger la notion très controversée depostcolonial sous le prisme d’une plume dont le regard surl’Afrique pré et postcoloniale, symbolisé dans le roman par la « République imaginaire du Mboasu », est porté à partir de la France («l’Intra-Mouros »). Les choix esthétiques et/ou rhétoriques deMiano s’adaptent parfaitement à la critique des sociétés africaines. Cet univers fictif se fonde sur le concept de la complexité – dont lepersonnage Antoine est l’incarnation la plus révélatrice - qui permet au moi écrivant de questionner l’identité noire à traversune subtile opposition entre la métropole et la terre colonisée, lepassé et le présent de l’Afrique, l’individuel et le collectif, le réel et l’imaginaire, « l’altérité négative » et l’ipséité, etc. En réalité, l’écriture de Miano, qui procède à un brouillage des territoires littéraires, sexuels, identitaires, culturelles, etc. instaure dans le même temps un mouvement (auto)réflexif sur le passé colonial, et induit une satire des dérives politico-religieuses d’une Afriquesouvent en perte de valeurs. L’inscription dans le post constitue un

prétexte pour l’écrivaine d’origine camerounaise d’accompagnerle continent africain à retrouver le centre de son histoire. Plusspécifiquement, il s’agit d’apporter un appui à l’homme noir dansson insertion au sein du monde moderne grâce à la « reterritorialisation de la conscience de soi » (Kazi-Tani, 2002, 63).

Essai d’« anthropologie littéraire » dans L’Afrique fantôme de Michel Leiris

Arsène Magnima Kakassa,

Université Omar Bongo Gabon

Cette réflexion se propose de lire L’Afrique fantôme de MichelLeiris comme l’illustration de ce qui est appelé aujourd’hui« anthropologie littéraire ». Par ce vocable que nous empruntonsà Francis Affergan et à Pierre Campion, nous entendons qu’à la base de l’anthropologie leirisienne se trouve la fiction et par conséquent, la littérature est à concevoir comme un complémentà l’anthropologie. A l’instar de l’anthropologie, la littérature, notamment, le roman repose sur l’imaginaire pour représenter lespeuples extra-européens. En procédant ainsi, notre objectif est,d’une part, de révéler que l’œuvre de Leiris s’éloigne d’uneécriture purement anthropologique, et se fonde plutôt à partir deréférences strictement imaginaires et fictionnelles. D’autre part, une telle approche nous permettra d’aplanir les différences entreLittérature et Anthropologie. Du coup, ce qui importe ici, c’est demettre la lumière sur le processus et les modalités grâce auxquelsl’écriture leirisienne résout les tensions disciplinaires entre l’anthropologie et la littérature, renouvelant et jetant ainsi lesbases ainsi d’un genre hybride ; puisque l’ouvrage cité s’est fait

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par le biais d’un héritage littéraire dont les sources remontent àdes écrivains tels que Raymond Roussel, Arthur Rimbaud, André Gide et Joseph Conrad, etc.
En un mot, il s’agira de montrer les liens qui unissent la littérature et l’anthropologie dans l’œuvre de Leiris, c’est-à-dire la place du fait littéraire dans la construction du discours anthropologique.

Henri Lopes dans la théorisation du renouveau romanesque africain francophone subsaharien. Du Nouveau Roman à la postmodernité littéraire

Dacharly Mapangou,

Université Omar Bongo Gabon

La postmodernité littéraire, qui participe d’une tendance trèsprégnante dans la Respublica Litteraria, offre une inclinationapparemment irrésistible pour un grand nombre d’écrivains que l’on range parmi les héritiers de la mouvance littéraire dénomméeNouveau Roman, fussent-ils Européens, Nord-Américains, Latino-Américains, Africains… C’est tirer argument de ce que la fidélité de la fiction romanesque contemporaine aux dynamiques de la poétique de la postmodernité littéraire est perceptible à lalecture de tout texte se ressentant indéniablement de l’influencedu Nouveau Roman. En sus, du fait que la postmodernité se réfère à notre temps, celui caractérisant notre contemporanéité, noussemblons avoir saisi sa portée opératoire sur l’espace littéraire d’Afrique noire francophone, notamment dans Le Pleurer-rired’Henri Lopes. C’est pourquoi, fort de ce qui précède, nous nousenhardissons jusqu’à formuler l’interrogation suivante : L’œuvre romanesque d’Henri Lopes est-elle susceptible d’une poétique de

la postmodernité littéraire ? Quoique l’Afrique, notamment l’Afrique noire francophone, ait toujours été marginalisée, voirepassé aux oubliettes du débat de la postmodernité littéraire, l’onne peut pas avoir, par les temps qui courent, une appréciation de la fiction romanesque africaine postcoloniale qui ne soit corrélée àla condition postmoderne devenue l’un des phénomènes les plus remarquables des sociétés actuelles de plus en plus globalisées et confrontées à des problèmes tout à fait inédits et à des crisesmultiformes. C’est d’ailleurs par rapport à cette postcolonialitéqui illumine et scande le Nouveau Roman africain francophone que se joue bien évidemment la pertinence de la poétique de la postmodernité littéraire chez Henri Lopes.

Dynamiques anthropologiques dans le Mvett. Du même à l’autre

Steeve Elvis Ella,

Ecole normale supérieure de Libreville Gabon

La question qui va être examinée ici tient lieu d’une conceptionpour le moins non conventionnelle du Mvett, lequel tient pour acquis la stabilité comme condition de possibilité du récit. Engonget Oku, immortels et mortels s’affrontent sans merci pour laconservation et la quête permanente du secret de l’immortalité,objet principal du récit qui consacre son caractère singulièrement épique. Stabilité à la fois des institutions et des personnages qui incarnent toujours déjà les formes du pouvoir, notamment aux plans : politique, économique, militaire et spirituel. Stabilité aussi acquise à la faveur du dénouement du récit qui donne souvent les immortels vainqueurs de leurs adversaires. Et pourtant, quelque chose de percutant et de pertinent persiste subrepticement dans les récits, qui tranche incontestablement avec cette stabilité

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connue et reconnue, à savoir une forme de dynamisme anthropologique dans lequel baignent les personnages de manièreà changer de profil, de visage, d’espace voire de statut suivant lesbesoins de la cause. Du même à l’autre, ou de l’autre aux autres, voilà qui introduit la permanence du mouvement, de l’instable. D’où la question métaphysique qui s’en suit : qui du même etl’autre est premier ou passe avant ? Autrement dit : où estl’authentique et où est le factice ?

Anthropologie du Mvët. Une leçon de Tremendisme au roman espagnol de l’après-guerre civil

Maturin Ovono Ebè,

Université Omar Bongo Gabon

Le Tremendisme est un courant littéraire né en Espagne aulendemain de la guerre civile. L’itinérance du héros ainsi que sonextrême brutalité sont ces principales caractéristiques. Mais ces caractéristiques ne sont pas exclusivement espagnoles, puisque le Mvët les a en partage. Seulement, si le Tremendisme romanesque est une sombre caricature de la réalité espagnole de la guerre civileà l’immédiate post-guerre, le Mvët est une épopée qui rappelle àl’homme fang postcolonial les fondements de la société fang pourque celle-ci ne sombre pas dans la modernité dévastatrice. Au- delà de cette anthropologie de la société fang à travers le Mvët, laviolence et la bipolarité de ce genre épique ne sont qu’une représentation de la dualité de l’Être : l’homme et son âme dansune lutte perpétuelle. Il y a donc une sorte de Tremendisme du Mvët dans la société fang postcoloniale, différente du Tremendisme espagnol de la post-guerre.

Rapport entre anthropologie culturelle et art théâtral. A propos des rites d’enterrement dozo des sénoufo du kafigue de Côte d’Ivoire

Losséni Fanny,

Université Péléforo Gon Coulibaly Côte d’Ivoire

L’anthropologie culturelle ou l’étude de l’homme et des sociétés humaines dans leur penchant culturel nous permet dans cet article de pénétrer les pratiques socioculturelles des dozo sénoufo dukafigue3 de la région Nord de la Côte d’Ivoire. Les dozo de cette contrée organisent des rites d’enterrement qui entrainent un spectacle populaire et particulier ayant un rapport avec le théâtre. Cérémonies de tristesse et de lamentation, les rites d’enterrement se transforment très tôt en un décor de réjouissance. Au son de la musique et de pantomimes, les dozo à travers des chants, créent des scènes comiques et tragiques sous le regard émerveillé des spectateurs. C’est pourquoi, Minéké Schipper qui soutient qu’en Afrique, «la danse et la musique complètent souvent les représentations théâtrales» (1984, 21).

À un niveau ultime du spectacle, ils tirent des coups de fusils sur le corps au point à enflammer le linceul le recouvrant. L’objectif du rituel est d’honorer et de purifier le corps du défunt. Mais l’intensité des coups de canon dans le spectacle et sur le défunt, fait penser à une violence qu’à un hommage. Cette étape des rites d’enterrement est d’ailleurs la plus appréciée du public. Hommage ou violence, les rites d’enterrements ont un rapport avec l’art théâtral caractérisé par la mimésis, l’espace, le temps, le

3 Groupe ethnique sénoufo du nord de la Côte d’Ivoire érigé en canton. Il est situé dans la région du Poro au Nord-ouest de Korhogo

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costume, les objets, la parole, les chants et la musique. Cet art nous renseigne sur les pratiques sociales et culturelles de la confrériedozo en pays sénoufo.
Pour une meilleure approche du sujet, nous étudierons dans une première partie, les étapes des rites allant du décès à l’enterrement. Dans un second temps, nous analyserons le rapport entre les rites d’enterrement dozo et l’art théâtral tout en insistant sur l’aspect de la violence et de l’hommage. Dans une troisième partie nous étudierons les éléments théâtraux qui favorisent ce rapport. Enfin dans la dernière étude, nous parlerons des genres théâtraux dans les rites d’enterrement.

Savoirs, concepts, méthodes et doctrines scientifiques. La pertinence du fonctionnement de la poétique au XXIe siècle en Afrique

Panel III

Altérités africaines
Approche critique de l’expression du politique au niveau

panafricain aujourd’hui. Cas de l’« agenda 2063 »

André Adjo,

Institut de Recherche en Sciences Humaines Gabon

L’« Agenda 2063 » est un Document Cadre, porté par l’Union africaine, qui esquisse ce que devrait être l’Afrique en 2063. Cet

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Agenda a pour principaux fondements l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Déclaration solennelle du 50ème anniversaire et les « aspirations africaines ». Si l’ambition est noble, elle soulève cependant un nombre d’interrogations qui concernent les outils,les concepts qui sont proposés et les stratégies qui doivent êtremises en œuvre afin que l’Afrique atteigne un stade supérieur de son évolution. Le contenu de ce document renseigne aussi sur les repères et les références des auteurs, notamment ceux qui portentet mettent en œuvre le projet africain. Il aide à comprendre, enpartie au moins les contradictions, sinon les faiblesses inhérentesà l’expression pertinente du politique au niveau continental. D’abord, les deux premiers outils cités plus haut (Acte constitutif de l’UA, déclaration solennelle du 50e anniversaire) correspondent exactement aux instruments qui, en tant que cadrestructurant, ne permettent pas au Continent d’amorcer une étapenouvelle de son évolution. Ensuite, ces mêmes outils peinent àprendre en compte les aspirations africaines qui s’exprimentet/ou qui sont mises en mal de façon permanente. Les conceptsretenus sont précisément ceux qui proviennent de l’extérieur du Continent et qui ont pour implications d’obscurcir la vision queles africains peuvent se faire de leur avenir et de limiterl’expressivité d’une pratique politique propre. Enfin, Les stratégies suggérées dans cet Agenda dévoilent un écart entre le diagnostic qui peut être posé et les solutions retenues.

En réalité, c’est la question du cadre structurel sur lequel doitreposer les différents leviers, les différents ressorts pensés et misesen place pour permettre à l’Afrique de se penser différemment etde se projeter utilement et qualitativement. Tout ceci nous renvoie à une autre réflexion, celle des usages dans les sciences qui

interrogent «le politique» en Afrique. Comment repenser le « politique » pour que celui-ci rejaillisse avec pertinence dans les pratiques institutionnelles qui peuvent être expérimentées et surlesquelles le Continent pourrait s’inscrire et se distinguer ?Quelles méthodologies retenir pour produire, vulgariser, mettre en pratique des épistémès en phase avec les réalités et aspirations continentales dans le cadre des sciences du Politique ? Commentréorganiser le Continent et lui assurer une projection dans l’avenir sur la base d’une vision endogène ?

Notre communication se propose d’aborder ces questions.

Renommer la post colonie. De la quête d’une identité fantasmée à la volonté d’affirmation politique (1960 à nos jours)

Serge Mboyi Bongo

Université Omar Bongo Gabon

Depuis la vague des indépendances africaines survenue majoritairement au début des années 1960, de nombreux territoires ont sans cesse été renommés, passant ainsi d’un « patronyme d’emprunt », correspondant au temps colonial, à une toponymie souvent tirée d’une langue locale ou faisant référence à une entité politique majeure dans l’Afrique pré coloniale. Ainsi avons-nous Mali, Congo, Zimbabwe, etc. pour désigner une post colonie dont le cadre espace-temps ne renvoie que très difficilement, voire jamais, à la structure éponyme. Cette tendance qui relève généralement de la décision politique, sur un temps

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historique de plus en plus long, prend corps dans un monde postcolonial qui se redéfinit sans cesse, dans son rapport au « vieux continent » notamment, en objectivant son passé colonial dans une perspective de provincialisation de l’Occident notamment. Le présent propos s’emploie à ouvrir et explorer quelques voies d’interprétation possible d’un fait certes circonspect, mais tout de même persistant.

L’aide au développement et la complexité des jeux d’acteursdans le cadre des recompositions territoriales en Afrique subsaharienne. Les cas du Cameroun et du Togo

Raoul Muma Tanzey

Doctorant Université Grenoble Alpes France

Les différents programmes de développement initiés en faveur del’Afrique subsaharienne se confrontent à des situations différenteset des paramètres évolutifs qui de plus en plus disqualifient les visions statistiques de la coopération Nord-Sud. Ils occultent, de ce fait, la maîtrise des résultats des ajustements structurels dans un contexte des recompositions territoriales, initiées après les indépendances ou dans la période postcoloniale notamment au Cameroun et au Togo. En plus des besoins de ces pays et des populations qui sont par essence évolutifs, des typologies différentes émergent et nécessitent une adaptation des perceptions des visions et des politiques surtout en ce qui concerne la construction des vastes agglomérations dont les limites avec les zones rurales sont difficiles à percevoir.

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Une sorte d’anthropologie du « post » nous permet d’appréhender et de nous interroger sur la perception Sud/Nord de l’aide audéveloppement qui est devenue une composante importante de politique publique en Afrique subsaharienne, surtout en cette période des recompositions territoriales mais elle souffrecependant d’être cantonnée à une logique technocratiquecontradictoire avec sa nature inévitablement politique. Il convient donc de lui donner son sens politique (Jacques, 2006), qui replacela quête légitime d’intérêts nationaux et locaux dans le cadre d’unprojet collectif lié à la bonne gouvernance nationale et locale. Cette approche nécessite un renouveau de la réflexion de la part desscientifiques africains sur l’aide au Cameroun et au Togo (Yatta,2006), une revisite des pratiques et des instruments qui croisentles données des programmes d’aide avec des indicateurs dequalité de la gouvernance, aussi bien nationale que locale tels que perçus par les concernés et les bénéficiaires.

Cette recherche, issue d’un travail de thèse en cours, s’inscrit dansla continuité des travaux de Rosanvallon (2011) et vise à identifierles pratiques d’une authentique (bonne) gouvernance locale en Afrique noire. En d’autres termes, il s’agit de rendre compte de lamanière dont la gouvernance locale influe sur les programmes territoriaux de développement. Ces derniers sont basés essentiellement sur les démarches innovantes qui prennent en compte les aspects culturels et les attentes des tous les acteurs au niveau local.

Au plan méthodologique, nous avons fait le choix d’unedémarche comparative pour non seulement faciliter un regard croisé mais surtout pour définir de manière claire et rigoureuse lecadre conceptuel et cohérent d’analyse servant de grille de lectureaux deux cas retenus. Cette étude s’intéresse à l’interface de deux

métropoles africaines ; à l’occurrence, Yaoundé et Lomé et sespériphéries et nécessite une approche plurielle en raison de la multiplicité des acteurs, des enjeux et des logiques quis’entremêlent. Des observations complétées par des entretiens et des enquêtes par interview menés auprès des autorités politico- administratives et traditionnelles, des gestionnaires des services territoriaux, de la population et des acteurs de la société civile ont conduit à la collecte des données.

Selon les résultats de ces enquêtes, les pratiques d’aide audéveloppement dans cette période postcoloniale montrent premièrement, que des schémas uniques ne peuvent être conçuspour l’action de coopération et qu’ils doivent être modulés et adaptés aux situations particulières de chaque pays.Deuxièmement, les besoins dans ces deux pays de l’Afriquesubsaharienne se diversifient et se complexifient de telle sorte quel’engagement et la bonne volonté des donneurs doivent êtrecouplés avec une logique partenariale aux « multi-acteurs », avec une place prépondérante du scientifique africain.

« Le quotient anthropologique » ou les objections épistémologiques du discours littéraire dans le conflit des interprétations4. Lecture de Temps de chien de Patrice Nganang

Yannick Mounienguet M’Berah,

Université Omar Bongo Gabon

4 Si une partie du titre cette proposition emprunte entièrement celui del’ouvrage de Paul Ricœur, notamment Le conflit des interprétations (Paris, Seuil,

Définissant le champ et la démarche anthropologiques, François Laplantine, de son ouvrage intitulé L’anthropologie (2001), affirme :« L’homme n’a jamais cessé de s’interroger sur lui-même [...] Laréflexion de l’homme sur l’homme et sa société, et l’élaboration d’un savoir, sont donc aussi vieille que l’humanité, et ont été aussi bien le fait de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique, de l’Océanie que de l’Europe » (p. 9). Et pour marquer le tournant de cette transition scientifique surune pensée de l’homme sur l’homme qui n’était jusque-là qued’ordre mythologique, artistique, théologique et philosophique, l’auteur soutient qu’« il s’agit cette fois de faire passer [l’homme] dustatut de sujet de la connaissance à celui d’objet de la science » (p. 10).

Aristote pour sa part, avec Poétique (Paris, Gallimard 1996),soutenant que l’homme est un « être imitant par nature »,prescrivait non seulement aux théoriciens les modalitéssilencieuses d’une approche scientifique du discours des genres(théorie des genres), mais édictait également aux « poètes » (écrivains) les règles qui régissent la composition littéraire. Par- delà ces principes fondamentaux, le philosophe grec,anthropologue malgré lui, s’appuie sur l’armature langagièrepour énoncer la force axiologique en vertu de laquelle le concept de mimesis (représentation) formule son programme anthropologique : l’homme comme sujet et objet de l’imitation.

Sur cette ligne où viennent se rencontrer les enjeux du spécialistede la littérature et ceux de l’anthropologue, cet article, qui prendappui sur le concept de quotient anthropologique forgé en conséquence, entend réfléchir sur les notions de « vérité » anthropologique et « vérité » littéraire, au-delà de la pertinence

1969), il ne s’en sert cependant pas comme base interprétative à sa démonstration.

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respective de ces deux types d’énonciation. A ce titre, il tireraprétexte de Temps de chien (Le serpent à plumes, 2001) de Patrice Nganang pour examiner le déplacement (littéraire) de la norme etde l’objet de cette science humaine (l’anthropologie) ainsi que lesnouvelles catégories anthropologiques qui peuvent dé-naturer laperception de son intelligence discursive. En définitive, il s’agira,dans le tourbillon du conflit des interprétations, de faire entendre non seulement les objections de la littérature mais aussi sacontribution dans l’espace instable et imprécis décrit par laconnaissance anthropologique.

Postcolonialisme/Postmodernisme. Eléments d’une culture et d’uneidentité scientifique africaine

Alphonse Cheriff Kakou Bi Trah,

Doctorant en sémiotique université Alassane OuattaraCôte d’ivoire

Dans le cadre de ce colloque qui porte sur les post- et les anthropologies en Afrique : du dialogisme sud/nord, il nous est apparu opportun de réfléchir sur le sujet suivant : « Postcolonialisme-Postmodernisme, éléments d’une culture et d’une identité scientifique africaine ».

Juste après les indépendances, pour de nombreux pays africainset aujourd’hui encore plus, les concepts de post et plus particulièrement ceux de postcolonialisme et de postmodernismes’inscrivent dans une dimension indispensable ou incontournable de la saisie de l’anthropologie africaine des sciences humaines,dans le cas de la littérature africaine. En effet, au-delà de leur actualité et de leur emploi qui pourrait être interprété comme un

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effet de mode, les notions de postcolonialisme et de postmodernisme semblent élaborer une théorie littéraire africaine.

Cette réflexion émane du fait que ces concepts révèlent unecertaine identité de l’Africain du point de vue littéraire. Ainsi, enprenant le recul vis-à-vis des approches qui tendent àoccidentaliser ces termes, nous nous proposons d’interroger ces concepts en vue de rendre présent le travail d’invention, decréation d’une littérature africaine ou d’une identité littéraire africaine. À la réalité, le projet est d’interpréter ces deux concepts,pour percevoir et comprendre le point de vue africain au niveau des sciences humaines. Postcolonialisme et postmodernismes’appliquent à la représentation du bouleversement des préceptesproposés par la colonisation ou par les Occidentaux et parricochets à l’affirmation d’une identité ou d’une forme de vieafricaine en littérature. Ainsi, en présentant les enjeux et les perspectives africaines de ces concepts, nous les décrirons commedes formes de vie dans l’univers littéraire africain.

En définitive, nous parviendrons à la conclusion que quand bien que les littéraires africains ne réussissent pas entièrement à se défaire des canons des pays du nord, ils réussissent à mettre enplace des dispositifs nouveaux d’écriture qui les démarquent desmodèles occidentaux et attestent leur adultie et leur identitéd’Africain dans le domaine littéraire.

Tradition critique et discours anthropologique. Le motif africaindans l’art occidental

Charles Philippe Assembe Ela,

Ecole normale Supérieure de Libreville Gabon

Au siècle dernier, la rencontre des sociétés africaines et occidentales renvoient à deux types de discours. La première concerne les rapports des grandes explorations, missionsévangéliques et grandes expéditions… On peut qualifier cette rencontre d’officielle tant elle porte : et le sceau des puissancesimpériales, et la marque d’un mécénat privé qui n’est pas sans lienavec les compagnies d’état du genre comptoirs du Sénégal, Comptoirs du Gabon. D’un autre côté, il y a ces rencontres informelles qui recouvrent le vaste champ des collections d’objets,des expositions coloniales, des foires et autres activités culturelles participant, et des pratiques artistiques du genre cabinets de curiosités ; et des discours de type des joyaux de compilations où des développent des pratiques artistiques et cultures esthétiques.C’est dans ce dernier panel que où s’inscrivent les discours positifsde la réception de l’art nègre tels que ceux de Matisse, Picasso, Braque, Tristan Tzara…. Sachant que l’anthropologie colonialeconstitue encore la médiation discursive par laquelle la connaissance de ces objets se construite et nous parvient, ne pourrait-on pas regarder cette critique d’un genre nouveau comme le lieu de gestation du paradigme d’un discours postanthropologique ?

Le présent article traite du masque gabonais comme motif et support de renouvellement du langage plastique moderne et contemporain.

Tradition et modernité dans l’occupation du sol à Libreville.

Etude du cas de la Vallée Sainte Marie

Médard Obiang Ebanéga,

Université Omar Bongo Gabon

Cet article traite de l’influence des acteurs urbains dans les modifications de l’occupation du sol. Le cadre d’étude est laVallée Sainte Marie qui englobe les quartiers Sainte Marie,Cocotiers, Ancienne RTG, Ancienne SOBRAGA, l’UniversitéOmar Bongo, Derrière la prison, Gros bouquet, Nkembo, Sotégaet Plaine Oréty. Depuis l’époque coloniale, jusqu’à la période actuelle dite de l’émergence en passant par la périodepostcoloniale, la tendance générale est le remplacement progressif du couvert végétal par des surfaces imperméabilisées. Mais quelles sont les forces qui gouvernent les modifications del’occupation du sol. La réponse à cette question peut être trouvée dans l’analyse de l’évolution du contexte politique, économiqueet social propre à chaque période. L’analyse tentera de mettre en évidence le fait que les modifications de l’occupation du sol apparaissent comme une conséquence de l’influence des acteursurbains dans un environnement qui présente des atouts, des menaces, des contraintes des opportunités, aussi bien pendant la période coloniale que postcoloniale. Considérer ces variables dansl’aménagement, c’est donner à la ville, les moyens de concevoirune occupation du sol durable pour des villes durables.

Panel IV

Sens et signification : présentations et questionnement

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Le posthumain. Un tabou africain ?

Antonin Mba Nguéma,

Université Omar Bongo Gabon

Ce XXIe siècle commençant est-il celui du posthumain? La question est récurrente, prégnante, voire angoissante, dans la pensée philosophique. Car, l’humain, « trop humain », ne se retrouve plus, ne se comprend plus. Ses repères existentiels et ontologiques deviennent de plus en plus problématiques. Par ses errances spirituelles, la bioéthique lui procure des artefacts lui permettant de se transformer, de se transmuer, de se métamorphoser, de se posthumaniser, de se frankensteiniser. Si le posthumain est ce nouveau type d’humain, il est fort à penser que celui-ci est devenu le nouveau Frankenstein. Mais, qui est-il? Que pense-t-il de l’existence, du monde et de Dieu? Quelle est sa spiritualité? En Afrique, si le débat sur le posthumain ou sur le transhumanisme est presque inexistant ou relève encore du tabou, le philosophe africain doit affronter et prendre en charge ces nouvelles questions et problématiques. Quel regarde porte-t-il alors sur le posthumanisme, sur le transhumanisme, sur le transgenre ? Dans cet article, nous voulons, à partir des réflexions des philosophes africains sur la bioéthique, penser non seulement l’intrusion insidieuse du posthumain dans l’humain mais aussi l’évasion de l’humain dans le posthumain.

L’humain. Une nouveauté à penser, une œuvre à créer en Afrique noire
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Thierry Ekogha,

Université Omar Bongo Gabon

Un point paraît particulièrement significatif de l’humain : il est chaque fois à ré-instruire parce qu’il est ce que nous avons à être et à créer. En ce sens, la méditation de l’humain n’est pas à séparer de celle de la personne. Car il y a là aussi posé ce qui peut être considéré comme l’unedes exigences constitutives de toute subjectivité, à savoir que rien n’est donné une fois pour toute et qu’à ce titre ce qui est permanemment en question c’est aussi bien le monde que ce que nous sommes ici et maintenant. Or, si l’on tient que l’humain est ce qui n’est qu’en tant qu’il s’inscrit dans un perpétuel réinvestissement de la liberté en ses propres déterminations, en particulier ici nos actes de pensée et d’agir, alors il estpossible de suggérer ce qui suit : il n’y a d’humanité véritable que commedépassement de la liberté par elle-même. Et c’est aussi dire que parler de l’homme, c’est parler de l’humain en tant qu’il est une nouveauté à penser, une œuvre à créer. Cette perspective s’inscrit dans l’idée que,dans la mesure où la personne peut être méditée comme notre humanitéréalisée, en s’instituant par là même dynamisme d’autocréation de nous-mêmes par la liberté, elle n’est pas sans la pensée de la liberté qui seraiten réalité sa propre exigence de transfiguration du monde et del’existence.

« Penser le postcolonial » avec Valentin Yves Mudimbe. Une critique des sciences humaines ?

Yannick Martial Ndong Ndong,

Université Omar Bongo Gabon

Qu’il soit poète, romancier ou essayiste, Valentin Yves Mudimbefait de la critique des sciences humaines une constante de sonparcours intellectuel, qu’il lie d’ailleurs étroitement à l’entreprisecoloniale. Ses démarches souvent érudites se réclament de la philologie, mais elles doivent surtout à la penséepoststructuraliste de Michel Foucault, au point d’avoirinitialement envisagé d’intituler son autobiographie intellectuelle,Les Corps glorieux des mots et des choses, en référence au livre du philosophe français, Les Mots et les Choses, avant de substituerchoses par êtres. À la manière de Foucault examinant laconfiguration générale des savoirs à l’œuvre dans la constitution de l’épistémè de la modernité, celle de la formation des scienceshumaines, en même temps qu’il établit l’équation savoir/pouvoir, Mudimbe montre comment s’est formée depuis le XVIe siècle la « Bibliothèque coloniale », un corpus de savoirs sur l’Afriquedestiné à sa représentation et surtout à sa domination.

Or, pour y parvenir, le penseur d’origine congolaise s’appuie sur l’anthropologie, en tant que discours sur l’Homme, s’affirmecomme la science humaine par excellence, dont Mudimbe va montrer les limites et les paradoxes suivant une approchephilologique faite d’ « entêtement ». Au-delà donc d’uneépistémologie des sciences humaines en général et del’anthropologie en particulier, il s’agit d’une approche critique postcoloniale appliquée à ce qu’il appelle la « pratique anthropologique ». Cette notion de « pratique » d’une discipline le mène à s’éloigner dans un premier temps de Michel Foucaultsur un mode assez parodique, à la fin du premier chapitre deL’Odeur du Père (1982), avant de marquer, en second lieu, conceptuellement sa différence, dans The Invention of Africa (1988).

À la configuration générale du savoir — épistémè — Mudimbesubstitue bientôt l’« african gnosis », lequel place la « quête » par le sujet au centre du cheminement de connaissance. Cedépassement lui permet de disqualifier l’ « anthropos-logos »,discours sur l’Homme, en faisant le choix de l’ « anthropou- logos », discours par le sujet, qui intègre la « praxis », c’est-à-direles conditions de vie concrètes d’un temps et lieu bien définis, en l’occurrence celles de l’Afrique. La critique des sciences humainesexercée par Foucault dans Les Mots et les Choses considère quel’anthropologie reconduit un type de « regard occidental » dont lepropre est d’ « appréhender l’Autre sur le mode de la purethéorie ». Mais ce faisant, le philosophe reprend ce mode depensée qu’il entend dépasser en n’incluant pas les recoupements qui s’établissent entre la constitution des sciences humaines, au XIXe siècle, et celle de l’entreprise coloniale. C’est principalementle grief que lui fait Mudimbe.

Mudimbe est considéré comme un des plus importants etemblématiques penseurs postcoloniaux, bien qu’il n’emploie pasle terme. Bien plus que cela, en s’aidant de la « pratique philologique » pour examiner les discours et les représentations,il est pour les études africaines ou l’africanisme le pendant d’un Edward Said dans l’orientalisme ou les études orientales. Lesdeux figures s’appuient sur Foucault comme modèle théorique.De même que Said reprend une esquisse foucaldienne surl’orientalisme et sur l’Orient dans Histoire de la folie à l’âge classique(1961), d’un Orient conçu comme l’envers de l’Occident, qu’illaisse cependant le soin à la postérité d’étudier, Mudimbe hérite du philosophe français l’archéologie des epistemai à la lumière de l’africanisme. On sera donc assez sensible aux différents procédés

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que celui-ci utilise pour la remise en question de l’anthropologie.Dans ses productions philosophiques (ses essais), il distinguera deux moments : un premier moment axé sur la critique postcoloniale (L’autre face du Royaume, 1974 ; premier chapitre « Positions » de L’Odeur du Père, 1982) et un second moment qui englobe la suite de son essai de 1982, The Invention of Africa et son autobiographie intellectuelle, Les corps glorieux des mots et des êtres,parue en 1994. Ce second aspect s’exerce comme l’esquisse d’une critique postcoloniale de l’anthropologie, conjointement à celle des « langages en folie ».

C’est sur ces deux principaux aspects que s’articulera notrecommunication.

Dialogue entre les religions de la coutume et les religions du Livre au Gabon

Maixant Mebiame Zomo,

Université Omar Bongo Gabon

Les religions de la coutume et les religions du Livre selon laterminologie d’Edmond Ortigues sont abordées dans cetteréflexion comme un prétexte ethnographique pour questionner la rencontre des rationalités occidentales et africaines. La communication soutient l’idée d’une impossible rupture entre lesépistémès occidentales et africaines car le terrain ethnographique pris comme objet impose le dialogue des épistémologies pour mieux rendre compte le réel.

Colonialité du savoir. Réappropriation et valorisation des réalités historico-culturelles africaines

Mexcin Ebané,

Ecole Normale Supérieure de Libreville Gabon

Le système éducatif gabonais, hérité du système colonial, reste àce jour une reproduction presqu’identique de celui en vigueur en France. Dans le cas de la construction curriculaire des langues, etde l’espagnole en particulier, cette ancienne puissance colonialeélabore ses programmes conformément aux orientations du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Edité par leConseil de l’Europe, celui-ci a pour objectif de parvenir à laconstruction de l’identité du citoyen européen à travers l’adoption d’une démarche commune dans le domaine culturel. LaProgrammation des Contenus Thématiques et Grammaticaux parNiveau de l’Espagnol Langue Etrangère (ELE) au Gabon, enadoptant les contenus curriculaires de la France, contribue àl’acculturation et à l’aliénation de ses apprenants. Car, il ne leur permet pas de s’imprégner des réalités historiques et culturellesafricaines qui y sont mal représentées, et très souvent nonreprésentées ; ne les aide pas à s’autoreprésenter et à discerner avec clarté ce que signifie penser et parler à partir de l’espace géo- historico-culturel africain. Alors que la Loi d’Orientation réactualisée en 2004 par l’Institut Pédagogique National (IPN) recommande justement à l’enseignement de l’espagnol au Gabonde contribuer « au développement harmonieux de l’apprenant et à unemeilleure intégration sociale et culturelle [...]. Il doit participer àl’enracinement culturel de celui-ci… ». L’objectif de cette réflexion est de montrer l’impérieuse nécessité d’asseoir le curriculum d’ELEau Gabon sur une meilleure représentativité historico-culturelle

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de l’espace hispano africain en vue d’une réappropriation et d’une valorisation de l’identité de ses apprenants.

Réflexions anthropologiques sur la postmodernité religieuse au Gabon

Bernardin Minko Mvé,

Université Omar Bongo Gabon

Face à l’émergence des églises de réveil au Gabon, on voudraitquestionner au plan anthropologique les fondements de cettediversité. A partir d’une enquête de terrain effectuée à Libreville, il y a deux ans, sur une dizaine d’églises de réveil, la question principale est de savoir quelles sont les pratiques religieuses désormais en cours dans lesdits mouvements ? Tout en relevant le poids de la religion dans les cultures gabonaises, nos recherches montrent que le Gabon est désormais entré dans une ère postmoderne et au niveau religieux, deux tendances se dégagent. La première montre que nous assistons à un religieux à la carte(autrement dit c’est à chacun son religieux) et la seconde montreque le religieux actuel gabonais rejette la raison en faisant un sautdans l’irrationnel. Ce sont ces deux tendances qui constituent l’ossature de mes réflexions anthropologiques. A partir de cemoment, on peut conclure que la postmodernité religieusegabonaise témoigne vraisemblablement que l’homme gabonais nepeut pas vivre sans croyances.

Sociologie du salariat au Gabon. Questions pour une anthropologie de l’objet

Bertrand Dimitri Ndombi Boundzanga,Université Omar Bongo
Gabon

Penser le salariat en Afrique noire implique de chercher à comprendre les trajectoires des sociétés dans leur processus de salarisation, notamment en interrogeant les régimes de mobilisation successifs. Dans leur évolution, ces régimes de mise au travail transforment ou cristallisent les rapports au travail, surtout « le travail du blanc ». En effet, le salariat en Afrique noire, sa structure comme ses dynamiques, ne peuvent se comprendre sans considérer « le travail du blanc », c’est-à-dire le travail venud’ailleurs par la situation coloniale comme point de départ.

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