Conférence du professeur Souleymane Bachir Diagne de l’Université de Columbia (New York, U.S.A.), le vendredi 11 mai, de 14 à 17 heures, en salle 117 de la MAISON DES LANGUES (Université Paris-Est Crétei, UPEC).

Adresse électronique du Pr. Souleymane Bachir Diagne: sd2456@columbia.edu

« Bergson postcolonial » est le titre que le profeseur Souleymane Bachir Diagne a donné à son séminaire du 11 mai 2012.

S’adressant aussi bien à des littéraires qu’à des philosophes, le séminaire a cherché, à partir de la lecture de L. Sédar Senghor (Sénégal) et de Mohammed Ikhbal (Inde), à souligner l’importance de la pensée de Bergson dans la réflexion postcoloniale.

Séminaire d’une rare richesse, celui du professeur Diagne a indiqué avec une grande clarté les passerelles pouvant être jetées entre les écrits de Lucien Lévy-Bruhl (qualifié par le conférencier d’ »ethnologue de chambre »),  et ceux de Tempels et de Claude Lévi-Strauss, de Jean-Paul Sartre et de Césaire. Bergson permet de tenir un pan de chacune de ces philosophies.

Distinguant un « universel de surplomb », caractéristique de la pensée impérialiste, d’un « universel latéral », tenant compte de la diversité des langues et des cultures, le séminaire a pu établir que la pensée de Bergson relève du second ordre, en quoi elle est emblématique de la pensée postcoloniale. Celle-ci, dans un relatisme soucieux de l’universel, a pris conscience de sa centralité, qu’elle ne cherche plus à imposer comme centrale, mais, dans une vaste entreprise de « traductions », pose comme équivalente à d’autres « centralités ».

Lévinas, Foucault, Deleuze sont cités comme ayant perçu dans le rhizome la configuration de cette logique des contacts interculturels. Et si le « monde désoccidentalisé est désorienté », selon un mot de Lévinas, c’est qu’il est urgent de penser l’existence selon d’autres repères spatiaux et temporels.  Voilà en quoi la pensée de Bergson est « postcoloniale », à savoir qu’elle ne s’est pas nourrie de sa seule substance européenne, mais qu’elle a entrevu son au-delà, par un « supplément d’âme ». Ce qui, repris par Senghor et Muhammad Iqbal, a permis, parfois avec les « armes miraculeuses » que sont la langue et la logique autrefois hégémoniques , de reconfigurer le monde à l’avantage des subalternes de naguère.

Dans un monde qui n’est pas créé une bonne fois pour toutes, la pensée postoloniale, surtout vue du côté de Muhammad Iqbal, élève à une dignité nouvelle: celle de parachever les oeuvres du passé, même lorsque celles-ci relèvent du sacré. Elle connote l’innovation et postule à la modernité.

N.B.: Le professeur Souleymane Bachir Diagne a écrit et publié: Bergson post-colonial: l’élan vital dans la pensée de Léopold Sédar Senghor et de Muhammad Iqbal. Paris Éditions du CNRS, 2011.

Le séminaire du professeur Souleymane Bachir Diagne est inscrit dans la série de conférences programmées par l’Equipe de Recherche L.I.S. (Lettres, Idées , Savoirs, EA 4395)) dirigée par le professeur Marie-Emmanuelle Plagnol. Ces conférences sont organisées par les philosophes de l’EA 4395, avec pour thématique générale « Décolonisation des savoirs. Pour une géographie postcoloniale de la connaissance« .  Responsables de l’organisation: Ozario Irrera, Daniele Lorinzini et Mathieu Renault.

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